Petite arrivée Mirandolienne

Jeune renard par l'idée grandissante, se permit aux offices de penser. Grande et folle pensée entêtante, lui permit Ô bonheur d'y aller.

« Bonjour, je me nomme Luna de la Mirandole et de Dublith.
Je souhaiterais participer au grand office qu'est la Prévôté.
Je suis consciente de n'avoir que très peu d'expérience dans ce domaine, mais je gage que mon intérêt à ce sujet n'a point de limite !
Enfin, je vous dis ça à vous mais... Pourriez-vous vers quelqu'un me guider ...? »

Un peu trop bavarde, la vulpes venait de se confier au garde.

Et l'Euphor d'apparaître en personne, car le secrétaire se contenta de lui dire d'attendre avant d'envoyer un messager, qui s'était commis en un retard excessif. Visage fermé, presque farouche, il se contenta d'un léger hochement de tête sans plier son impressionnante silhouette. Son accent d'Oc résonna bientôt.

Demoiselle, bonjorn. Actarius d'Euphor. On m'a dit que vous cherchiez de l'embauche au sein du Grand Office que je dirige.

Il tendit une main pour l'inviter à rejoindre son bureau, dont il lui ouvrirait bientôt la porte - si elle le suivait - pour dévoiler une pièce sommairement décorée et sobrement fonctionnelle. Une table, quelques faudesteuils et deux étagères constituaient le mobilier. Puis, le Languedocien lui dirait:

Je vous en prie, prenez place et dites m'en plus.

La vulpes passa le temps en admirant l'endroit dans lequel elle se trouvait. Pour sûr qu'aux offices royaux, les décorateurs avaient un certain goût ! Mais à son humble avis, il manquait cruellement de teinte framboise... Oui. Elle pensa un instant à faire une réclamation à ce sujet mais cela ne plairait surement pas aux décorateur, assurément ! Bien heureusement, elle fut bien vite interrompue dans ses pensées par une voix masculine ce qui la fit sursauter puis rougir quand elle se rendit compte de son propre étonnement.

« Le bonjour, Messire Actarius d'Euphor, Luna de la Mirandole et de Dublith dicte Tinelia, enchantée de vous connaître. »

Puis elle le suivit de ses petits pas, attentive et tentant de dompter la boule qui s'amusait à nouer son estomac dans un sens et puis dans l'autre. Quelle terrible affaire ! La jouvencelle se trouvait ainsi en présence du dirigeant de la Prévôté, soit en compagnie du Prévôt Royal qui plus est. Cela n'avait guère l'ambition de la calmer, bien au contraire. Elle tenta de se répéter en son esprit les choses à ne surtout pas faire. Puis, se mordit une fois la lèvre inférieure afin de prendre le temps de se concentrer sur ses mots. C'était pas n'importe qui ! Le Prévôt ROYAL ! Fallait pas déconner ! Elle prit place sagement puis pris la parole.

« Voilà Messire, je viens de m'installer au sein du Béarn, avant cela, j'étais en Armagnac et Comminges. Dans mon ancien comté, j'ai pu goûter, un peu trop brièvement je vous le confie, à la prévôté. Cela m'avait grandement intéressé. Tout autant la sécurité que les ouvertures d'enquêtes. Actuellement en Béarn, plus précisément à Tarbes, je suis la formation adéquate afin d'intégrer la prévôté du Béarn. J'ose espérer que cela ne gênera aucunement mes aspirations à intégrer votre office. Vous me demanderez surement pourquoi m'intéresser à la Prévôté Royale, et je vous répondrais que ma connaissance de l'existence de cette office est toute récente et que mon intérêt pour la défense royale comme pour l'apprentissage au sein de cet office m'a alors poussée à vous visiter...
Je me sais novice dans le domaine de la prévôté. Mais j'aimerais beaucoup apprendre... »

Elle s'arrêta et attendit sagement, il n'était pas question de monopoliser le dialogue.

L'Euphor s'était installé la mine aggravée par le nom entendu qui n'était pas sans l'inquiéter. Il était à ce point obnubilé par celui-ci qu'il n'écouta que d'une oreille distraite le parcours que la demoiselle lui déroula, attendant le moment où il pourrait poser la question qui le taraudait et qui finit par s'abattre sur le silence.

Impitoyable.

Vous connaissez Enguerrand, je suppose. Quels sont vos rapports avec lui ?

Ce qui devait arriver arriva. La vulpes laissa échapper de ses lèvres un léger soupire, elle se redressa alors et glissa distraitement une de ses mèches rousses derrière son oreille. La famille, c'était important, sans nul doute. Mais un nom peut être difficile à porter, quel qu'il soit. Et si la renarde était fière de ses origines, elle remarqua que bien souvent ces dernières s'avéraient difficiles à porter. Mais l'honnêté ça vaut le détour, du moins c'est ce que l'on dit.

« Enguerrand ? Oui, c'est mon père. »

Elle planta ses émeraudes dans le regard du royal prévôt, décidée mais non naïve sur son cas.

La franchise est toute à votre honneur, néanmoins votre réponse ne me suffit pas. Votre père est un ennemi déclaré de la couronne et nous sommes amenés à évoquer ses frasques dans nos locaux, à le surveiller et même à le combattre indirectement. Vous comprendrez dès lors que je me montre prudent. Et si l'expérience m'a appris à ne pas juger les gens selon leur ascendance, elle m'a aussi appris la force des liens du sang et ceux qu'ils peuvent amener à faire.

Le discours était clair, limpide même. Pas question pour un homme éprouvé par des déceptions, dont une particulièrement récente, renseigné sur la faiblesse bien humaine, compréhensible mais répréhensible, qui consistait à trahir la confiance accordée généreusement. Bref, il avait beau avoir bon fond et bon coeur. Il était pour le moins suspicieux et peu enclin à faire étalage de sa nature plutôt conciliante. En d'autres termes, il ne se laisserait pas convaincre facilement quand bien même la demoiselle avait marqué des points en parlant franchement.

La vulpes animée par le désir d'apprendre, se retrouvait face à un dilemne de taille. La trahison, voilà la seule chose qu'elle entendant en ses escourdes. Si ses pas la menèrent plus loin, elle trahirait. Son père ou la couronne. Et la jeune enfant n'était guère prête à prendre une telle décision. Certes, cela la décevait, mais elle comprenait au plus haut point les mots du Royal Prévôt. Elle incline brévement son minois.

« Je vous comprends, sans nul doute...
Merci de m'avoir ainsi exposé les faits mais... Vous avez raison. Je ne peux me permettre à intégrer un office royal...
Je vous présente toutes mes excuses, sincèrement, de vous avoir fait perdre votre temps. »

Ennemi de la couronne, tout de même... La renarde n'était pas aux bords de ses surprises, et maintenant, que pouvait-elle faire pour combler sa soif de connaissance ? Il fallait y réfléchir.
Elle attendit alors sagement qu'on la congédie, afin de libérer les royaux offices de sa présence. D'après ce qu'elle comprenait, elle avait tout de même la chance de ne point être enfermée.